Le commerce des esclaves (traite négrière) se développe massivement avec l’arrivée des Portugais, suivis des autres Européens, qui organisent une « traite atlantique », outre la traite intra-africaine qui continue à emprunter les chemins caravaniers et la traite arabe laquelle transite par la Méditerranée (vers l’Europe) et par l’Océan Indien (vers le Moyen-Orient, l’Inde et l’Asie). Cette traite atlantique prend la forme du « commerce triangulaire » en Atlantique nord : les navires venus d’Europe, chargés de marchandises (tissus, armes, alcool…) débarquent sur les côtes, échangent ces produits contre des esclaves qui sont ensuite vendus aux Antilles et en Amérique. Les navires rapportent ensuite, notamment, la mélasse issue de la canne à sucre, destinée à fabriquer le sucre et l’alcool dans les distilleries européennes. Dans l’Atlantique sud, c’est le « commerce en droiture », pratiqué par les Portugais, qui domine ; les navires relient directement les côtes africaines aux côtes américaines et antillaises.
Ce sont les Portugais qui mettent en place la traite au XVe siècle. Des esclaves africains, venus d’Arguin (île de l’actuelle Mauritanie), sont vendus dans la ville portugaise de Lagos dès 1444 et « les premiers esclaves noirs sont introduits à Hispaniola dès 1493». Les Portugais découvrent les îles du Cap-Vert en 1456 puis celles de Sao Tomé-et-Principe en 1471, désertes à l’époque, s’y installent et commencent à cultiver la canne à sucre grâce à des esclaves venus du continent. Ils instaurent ainsi une économie de plantation rapidement transposée aux colonies américaines ; en 1505, le premier circuit triangulaire se met en place, à destination de Cibao et d’Hispaniola. « Les Portugais furent la première et, pendant cent cinquante ans, la seule nation européenne engagée dans la traite négrière atlantique. » Les circuits sont, dès leurs débuts à la fin du XVe siècle, contrôlés et organisés ; le roi du Portugal accorde des droits exclusifs de navigation ou des droits de commercialisation en échange de redevances.
Cette traite atlantique s’accélère lorsque l’exploitation du continent américain par les Européens s’accompagne d’une forte demande de main-d’œuvre pour les plantations de canne à sucre, café, cacao, coton, tabac… qui se développent massivement dans la seconde moitié du XVIe siècle. La demande concerne aussi, dans une moindre mesure, l’exploitation des mines d’argent et d’or du Pérou et du Mexique. Les implantations portugaises puis, plus largement, européennes, de la côte ouest-africaine deviennent les plaques tournantes de la traite, tandis qu’à l’intérieur du continent, de complexes circuits d’échanges s’établissent, la traite atlantique européenne se conjuguant aux circuits antérieurs qui perdurent, ceux de la traite orientale de la côte est et ceux de la traite transsaharienne orientés vers le nord.
Les autres puissances européennes s’engagent dans la traite aux XVIe et XVIIe siècles, impliquant les Français, les Anglais, les Néerlandais et même les Danois et les Suédois. Ces autres nations européennes suivent la même voie que le Portugal, créant des compagnies « à charte » (bénéficiant d’un monopole ou d’un privilège accordé par un État). Cependant, au fil du temps, elles sont progressivement remplacées par des compagnies d’initiatives purement privées ; vers 1720, ces dernières dominent le commerce, profitant de la dérégulation progressive concédée par les gouvernements européens. La place des pays dans la traite fluctue au gré des luttes et des rapports de force entre nations européennes. La fin du XVIIe siècle est marquée par la domination française, et c’est l’Angleterre qui domine la traite atlantique à son apogée, au XVIIIe siècle.
Les Européens ne pénètrent pas encore à l’intérieur du continent. Implantés sur le littoral, ils commercent avec les ethnies et les royaumes côtiers qui livrent les esclaves capturés à l’intérieur des terres. Des royaumes africains, à la fois guerriers et commerçants, prospèrent ainsi grâce à ce commerce — qui coexiste avec la traite orientale—, tels le royaume du Dahomey, le royaume du Kongo, l’Empire ashanti ou le royaume du Kanem-Bornou, au détriment notamment de l’Afrique intérieure, « objet de razzias incessantes ».
Le nombre d’esclaves déportés depuis l’Afrique au titre de la traite atlantique est évalué à douze millions environ en 400 ans.
Pour plus d’informations :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Afrique
- https://en.wikipedia.org/wiki/Africa
- https://africacenter.org/
- https://journals.openedition.org/etudesafricaines/
- https://etudes-africaines.cnrs.fr/
- https://journals.openedition.org/etudesafricaines/
- https://www.afdb.org/fr/documents-publications/economic-perspectives-en-afrique-2024