
Le projet El-Dabaa, situé sur la côte méditerranéenne de l’Égypte, marque l’entrée du pays dans le cercle des nations dotées d’une industrie nucléaire civile. C’est le premier complexe nucléaire du continent africain destiné à la production d’électricité. Ce projet incarne la volonté de l’Égypte de diversifier son mix énergétique, de répondre à la croissance rapide de sa demande en électricité et de réduire sa dépendance aux énergies fossiles.
El-Dabaa repose sur la construction de quatre réacteurs nucléaires VVER-1200, fournis par la société russe Rosatom, d’une capacité totale de 4 800 MW. Ces réacteurs de dernière génération sont conçus selon des normes de sûreté élevées, répondant aux exigences post-Fukushima. Le projet devrait permettre de produire environ 10 % des besoins en électricité du pays à sa mise en service complète, prévue à partir de 2030.
Le coût du projet est estimé à 25 milliards de dollars, financés en grande partie par un prêt d’État accordé par la Russie, remboursable sur 22 ans. Ce financement inclut non seulement la construction des réacteurs, mais aussi la formation des ressources humaines, la création d’un centre de recherche nucléaire, et la fourniture de combustible sur une période initiale.
El-Dabaa s’inscrit dans une vision plus large de développement industriel. Autour du site, le gouvernement prévoit la création d’une zone industrielle et technologique nucléaire, qui devrait générer des milliers d’emplois directs et indirects. Cette zone accueillera des entreprises de construction mécanique, de fabrication de composants, ainsi que des centres de formation spécialisés. Le projet vise aussi à développer un savoir-faire égyptien dans le domaine du nucléaire civil.
Néanmoins, El-Dabaa suscite des interrogations. Certains acteurs de la société civile expriment des craintes quant aux risques environnementaux et aux capacités du pays à gérer des déchets nucléaires à long terme. Le site a également été l’objet de débats sur son coût et sur la dépendance technologique qu’il pourrait créer vis-à-vis de la Russie.
Sur le plan géopolitique, El-Dabaa permet à l’Égypte de consolider sa position comme puissance régionale, capable de maîtriser des technologies avancées. Le projet s’accompagne d’un programme de formation ambitieux, destiné à faire émerger une nouvelle génération d’ingénieurs et de techniciens spécialisés.
En somme, El-Dabaa représente un tournant stratégique pour l’Égypte : un pari industriel et technologique majeur, qui pourrait inspirer d’autres pays africains à explorer la voie du nucléaire civil dans un contexte de transition énergétique mondiale.