MAURITANIE–MALI : UN PROJET ÉLECTRIQUE TRANSFRONTALIER AU SERVICE DE L’INTÉGRATION ÉNERGÉTIQUE SAHÉLIENNE

Le projet de ligne haute tension Mauritanie–Mali, combiné à la création d’une grande centrale solaire en Mauritanie, incarne une nouvelle approche des infrastructures énergétiques en Afrique de l’Ouest : une vision transfrontalière, axée sur les énergies renouvelables, l’intégration régionale et la sécurité énergétique.

Ce projet comprend deux volets majeurs :

  • Une ligne électrique haute tension (225 kV) reliant la Mauritanie au Mali sur plus de 1 300 kilomètres. Elle doit partir de Nouakchott, traverser les régions sahariennes, et rejoindre Bamako. Cette ligne permettra d’exporter l’électricité excédentaire produite en Mauritanie, notamment issue des énergies renouvelables, vers le Mali, où les déficits énergétiques restent importants.
  • Une centrale solaire de grande puissance (plus de 100 MW) construite en Mauritanie, destinée à alimenter le réseau domestique et à fournir une part substantielle de l’énergie transmise au Mali. Cette centrale pourrait être étendue à terme pour devenir un hub solaire régional.

L’objectif principal de cette initiative est de renforcer la sécurité énergétique du Mali, un pays fortement dépendant des importations et confronté à un accès limité à l’électricité, surtout en zone rurale. La Mauritanie, quant à elle, exploite de mieux en mieux son potentiel en énergies renouvelables (solaire et éolien) et se positionne comme un futur exportateur d’électricité verte.

Financé par un ensemble de bailleurs dont la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, et des partenaires européens, le projet représente un coût global de plus de 900 millions de dollars.

Les retombées attendues sont nombreuses :

  • Réduction des coûts de production électrique au Mali et amélioration de la fiabilité des approvisionnements.
  • Création d’emplois locaux dans la construction et la maintenance des infrastructures.
  • Baisse des émissions de gaz à effet de serre, grâce au remplacement progressif des groupes électrogènes diesel par des énergies propres.
  • Renforcement des échanges régionaux, en droite ligne avec les ambitions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de créer un marché régional de l’électricité.

Cependant, le projet doit relever plusieurs défis : la sécurisation des infrastructures dans des zones parfois instables, la coordination technique entre les opérateurs des deux pays, et la nécessité de former des compétences locales pour assurer la pérennité des équipements.

Si ces défis sont relevés, le projet Mauritanie–Mali pourrait devenir un modèle d’intégration énergétique sahélienne et un catalyseur du développement durable dans une région qui en a cruellement besoin.