
Le Nigéria, première puissance économique et démographique d’Afrique, affiche depuis plus d’une décennie l’ambition de bâtir une industrie automobile nationale solide, capable de répondre aux besoins de son gigantesque marché intérieur et de réduire la dépendance chronique aux véhicules d’occasion importés. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification économique et de création d’emplois industriels.
- Les projets industriels clés
- Innoson Vehicle Manufacturing (IVM)
Basée à Umudim (État d’Anambra), IVM est le premier constructeur 100 % nigérian. L’entreprise assemble des voitures particulières, des utilitaires et des bus, adaptés aux réalités locales : prix abordables, robustesse face aux conditions routières difficiles, pièces faciles à entretenir. Sa capacité de production actuelle tourne autour de 10 000 à 15 000 véhicules/an, avec un objectif d’expansion. - Peugeot Automobile Nigeria (PAN)
Relancée à Kaduna, l’usine assemble des modèles Peugeot (301, 508, pick-ups) sous forme de kits CKD (completely knocked down). Un plan prévoit l’augmentation des volumes et la montée progressive du contenu local en pièces. - Projets d’assemblage multimarques
Des constructeurs comme Honda, Hyundai, Ford, et Nissan ont implanté des unités de montage ou annoncé des projets en partenariat avec des acteurs nigérians, pour assembler des véhicules destinés au marché intérieur.
- Innoson Vehicle Manufacturing (IVM)
- Les infrastructures et logistique
Le Nigéria a engagé plusieurs projets pour soutenir cette industrialisation :
-
- Zones industrielles spéciales (par exemple à Lekki, Ogun) : accueillent des fournisseurs de pièces, câblage, batteries, peinture.
- Modernisation des ports (Lagos, Onne) : pour fluidifier l’arrivée des kits CKD et l’export éventuel de véhicules.
- Projets autoroutiers et ferroviaires : destinés à améliorer la distribution des véhicules dans un pays de grande superficie.
- Transition et innovation
La stratégie nationale inclut désormais un volet mobilité durable :
-
- Encouragement à l’assemblage de bus et taxis électriques, avec projets pilotes à Lagos et Abuja.
- Début de partenariats pour développer localement des batteries et infrastructures de recharge.
- Inclusion des véhicules à biocarburants (gaz naturel) dans les plans de flotte publique.
- Défis et ambitions
Malgré ces initiatives, le Nigéria fait face à des défis majeurs :
-
- Concurrence des véhicules d’occasion importés, bien moins chers pour les consommateurs.
- Coûts de production élevés (énergie, logistique, pièces importées).
- Instabilité des politiques industrielles (changements fréquents dans les droits de douane et incitations).
Le gouvernement vise à porter la production locale à 200 000 véhicules/an d’ici 2030, avec un contenu local renforcé et une montée en gamme vers des modèles plus durables et adaptés au marché régional ouest-africain.